A la lettre

Deuxième étape: le lettrage. Celui de Château l'Attente a été réalisé avec brio par Anne Beauchard (lettrages mécaniques et manuels) et Aymeric Lalevée (lettrage mécanique). Plusieurs techniques de lettrage ont été utilisées pour rester le plus fidèle possible à la version originale.

Un détail qui a son importance: le lettrage d'origine a été réalisé par Todd Klein, l'un des meilleurs lettreurs américains (il a entre autres lettré Sandman, Watchmen et Dark Knight !!). Après avoir longtemps réalisé tous ses lettrages à la main, Todd Klein s'est récemment mis à la création de polices de caractères (utilisables sur ordinateur) adaptés pour chaque projet. Les deux principales polices créées pour Château l'Attente, celle des dialogues et celle du narrateur, sont absolument géniales. Très typées, mais également lisibles.

Malheureusement, Todd Klein et Linda Medley se sont brouillés il y a quelques temps et Todd, en tant que créateur de la police, ne souhaite plus que Linda continue à utiliser sa police. Nous avons donc choisi une autre police, moins typée, mais un peu plus lisible. La lisibilité étant un point important du fait de la petite taille des pages, et des bulles parfois chargées en dialogues.

Le second type de lettrage est celui des onomatopées, qui pour la plupart ont été réalisées à partir de polices mécaniques déformées. Il s'agit souvent de typos dites "outline", où le corps de chaque caractère est en blanc et seuls les contours sont noirs.

Enfin, le livre comporte un certain nombre de panneaux et plans en tout genre dessinés par Linda Medley (heroic fantasy oblige !). Il fallait donc impérativement réaliser ces lettrages à la main, en les redessinant au plus proche du style de l'auteur. Pas toujours évident, surtout lorsqu'il s'agit d'indications gravées sur des vieux panneaux en bois vermoulu....

Heureusement que Anne assure !

La suite dans un prochain post.

Comments

[serge]

Cher OlivierAnne assure, et pour cause: elle a fait les Arts Déco de Strasbourg et c'est une jeune illustratrice très douée (elle a notamment collaboré au 40 000 km et des poussières publié par l'Employé du mois il y a quelques temps). Il semble évident que ce type de lettrage, plus proche du dessin, doit être réalisé par des personnes qui savent dessiner, mais certains éditeurs n'ont pas ce soucis.A propos du "whump", je suis assez d'accord avec toi. "Pof" était sans doute plus fidèle, mais cela impliquait de compléter le dessin derrière (car "pof"est sensiblement plus court que "whump") ce qui est toujours délicat, car on empiète sur le travail de l'auteur. A moins de lui demander de le faire, ce qui possible quand on s'y prend suffisemment à l'avance...A propos de lettrage, et d'adapation des titres étrangers, je conseille vivement d'aller faire un tour sur le blog des éditions Cornélius (la référence ultime en ce qui concerne le soin apporté à l'édition de livres). Un récent post consacré à "Mes Problèmes avec les Femmes" de Crumb est extraordinaire.

[Olivier M.]

Ah oui, le moins qu'on puisse dire est qu'Anne assure ! Le lettrage des panneaux est exemplaire : non seulement il est extrêmement proche de son modèle, mais il respecte la perspective du plan... Je me souviens avoir lu, voilà quelques mois, une BD de la collection Ecritures (Casterman) dans laquelle on avait l'impression que la personne chargée des adaptations graphiques (et créditée en tant que telle) n'avait jamais entendu parler de perspective. C'est incroyable combien ça a contrarié ma lecture (mais en tant "qu'ancien dessinateur", je dois être un peu trop perfectionniste).Peut-être s'agissait-il d'une jeune nièce de l'éditeur, embauchée pour l'été ? :-)
Au fait : "whump !" est plus... étouffé que "poum !". Les labialles sont respectées, mais j'aurais plutôt mis quelque chose comme "pof !" pour traduire le bruit que font des fesses qui s'écrasent au sol. Hahaha ! et oui, désolé, un vieux réflexe d'adaptateur (j'ai aussi été dialoguiste de doublage durant 15 ans).
Merci encore pour toutes ces révélations. On se régale !!!