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Le Festival d'Angoulême, c'est la semaine prochaine, le moment est donc venu de faire le bilan des ventes des nouveautés de l'année écoulée (pour les accros aux chiffres, il s'agit de notre septième bilan annuel). En préambule, je note que le discours officiel reste euphorique et qu'en cette année 2020 de la bd, la presse se fait l’écho de la progression continue du chiffre d'affaires du secteur. Cependant, les données qui circulent entre professionnels évoquent une réalité plus contrastée (doux euphémisme), avec la moitié des nouveautés qui se vendraient à moins de 1 000 exemplaires et 80% à moins de 5 000 exemplaires... Concernant çà et là, grâce à quelques titres qui ont tiré les ventes de nos nouveautés vers le haut, 2019 aura été une année correcte, après une année 2018 très compliquée (cf. bilan de l'année dernière ici), mais nous avons également eu plus de titres qu'habituellement qui se sont très mal vendus, difficile donc d'être satisfait.

 

Voici les ventes de nos nouveautés 2019 dans le détail :

 

Nouveautés 2019, ventes au 31/12/2019
Parution Titre Ventes Retours Ventes nettes
Janvier Juice, vol.2 780 - 394 386
Janvier Proches rencontres 911 - 605 306
Février La Tournée 2 727 - 571 2 156
Mars L'Anxiété, quelle chose étrange 3 743 - 179 3 564
Avril True Stories 6 777 - 795 5 982
Mai Souffre-douleur 1 349 - 591 758
Juin Le Trauma, quelle chose étrange 2 131 - 150 1 981
Juin Sous le signe du grand chien 768 - 276 492
Août Comment le roi a perdu la tête 1 009 - 139 870
Septembre Alerte rouge 1 989 - 256 1 733
Octobre Kolya 803 - 31 772
Octobre Fichtre ! 1 541 - 12 1 529
Novembre Juice, vol.3 357 - 4 353
Novembre Kafkaïen 1 123 - 10 1 113

 

Les ventes moyennes de nos nouveautés sont passées de 1 264 exemplaires en 2018 à 1 571 ex en 2019. Quatre titres ont tiré leur épingle du jeu avec des ventes autour de 2 000 ex ou plus, notamment L'Anxiété, quelle chose étrange, et surtout les True Stories de Derf Backderf, qui, avec près de 6 000 ex vendus, confirme son statut d'auteur incontournable de notre catalogue (ses précédents opus s'étant vendus à ce jour à 14 000 ex pour Punk Rock & mobile homes, 18 000 ex pour Trashed et 28 000 ex pour Mon ami Dahmer). 1 571 ex est une moyenne plutôt bonne ; en revanche, quatre titres se sont vendus à moins de 500 ex, un chiffre très bas, qui explique que la médiane des ventes se situe à 992 ex contre 1 187 ex en 2018 (et qui signifie que la moitié de nos nouveautés 2019 se sont vendues à moins de 992 exemplaires). Comme chaque année, il faudra attendre les chiffres des ventes sur deux ans pour décompter les retours faits par les libraires et avoir une vision complète des ventes réelles de ces parutions. En revanche, le tableau ci-dessous nous renseigne sur les ventes sur deux ans de nos nouveautés parues en 2018.

 

Nouveautés 2018, ventes au 31/12/2019
Titre Ventes Retours Ventes nettes
Now 820 - 458 362
Courtes Distances 2 255 - 967 1 288
Angola Janga 2 006 - 410 1 596
L'une d'elles 2 128 - 708 1 420
Pittsburgh 1 887 - 707 1 180
Juice, vol.1 1 604 - 823 781
Roucou 767 - 551 216
Deux Femmes 2 255 - 582 1 673
Phagocytose 1 267 - 852 415
La Douleur, quelle chose étrange 2 983 - 734 2 249
Les Lumières de Niteroi 2 666 - 1 062 1 604
Au plus près 1 544 - 533 1 011

 

2018 avait été une année noire, aussi bien pour les ventes de nos nouveautés 2018 que pour les ventes des nouveautés parues l'année précédente. 2019 a été moins compliquée sur ce front, puisque les ventes de nos nouveautés parues en 2018 se sont maintenues, c'est-à-dire que les retours décomptés en 2019 n'ont pas provoqué de chute des ventes de ces titres. Trois titres ont des ventes finales très basses, à moins de 500 ex, mais sur les douze parutions de 2018, huit se sont finalement vendus à plus de 1 000 exemplaires, ce qui est mieux que les années précédentes. Aucun de ces titres n'a connu de grosses ventes, mais La Douleur, quelle chose étrange s'en sort très bien, avec plus de 2 200 ex (comme les deux autres titres de cette série didactique sur la santé). Par ailleurs, Deux femmes, Les Lumières de Niteroi et Angola Janga réalisent in fine des ventes supérieures à 1 500 exemplaires, tout à fait honorables par les temps qui courent.

 

Nos nouveautés 2018 se sont donc vendues en moyenne à 1 150 exemplaires en deux ans. C'est moins que les ventes sur deux ans des nouveautés 2017 (1 669 ex), qui avaient été tirées par les derniers livres d'Ulli Lust et de Mana Neyestani. En revanche, la médiane des ventes est relativement bonne, à 1 234 exemplaires au lieu d'environ 750 ex ces dernières années. De mon point de vue, il vaut mieux avoir une médiane des ventes correcte et des ventes moyennes un peu plus basses que le contraire. Je préfère que la moitié de nos parutions se vendent « correctement » (c'est à dire au niveau du point mort), alors que des ventes moyennes importantes peuvent dissimuler d’énormes disparités. Pas évident de trouver un équilibre dans tout ça.

 

Petit chiffre complémentaire : les ventes des titres de notre fonds (titres publiés avant 2018) représentent en 2019 près de 30% des ventes totales, un pourcentage qui montre qu'une partie de notre catalogue continue à se vendre. Par ailleurs, aux ventes des nouveautés 2019, il faut également ajouter celles du collector Mon ami Dahmer, lancé en financement participatif en février 2019 et distribué uniquement par le biais d'une douzaine de librairies spécialisées bd, sur le site caetla.fr et sur nos stands dans les festivals. Le collector, qui s'est vendu à près de 950 ex sur les 1 000 ex du tirage, a été un très beau succès (et il nous en reste donc une petite cinquantaine. Pour ceux que ça intéresse, vous pouvez l'acheter ici).

 

Enfin, comme d'habitude, je me dois de préciser que les ventes ne sont évidemment pas l'unique critère de jugement pour déterminer si une année a été bonne ou pas. 2019 a été remarquable à plusieurs égards. Nous avons eu trois titres en sélection officielle au Festival d'Angoulême : Deux femmes de Song Aram (Corée), Pittsburgh de Frank Santoro (États-Unis) et Courtes Distances de Joff Winterhart (Angleterre). Le Festival de Colomiers a monté en novembre une très belle exposition consacrée au travail de Derf Backderf. Et enfin, l'exposition Indie Americans, créée en partenariat avec L'Employé du Moi pour le festival Cultures Maison 2018, a été présentée au Festival d'Amiens en juin 2019 et à Quai des Bulles - Saint Malo en octobre, où elle a suscité l'enthousiasme de nombreux visiteurs.

 

Gageons que 2020 devrait être une bonne année, qui marquera les 15 ans de çà et là (déjà ?!). Nous aurons plein de beaux livres, des nouvelles têtes (du Maroc, de Pologne ou de Finlande), une exposition consacrée à Ulli Lust au Festival Pulp de la Ferme du Buisson et le nouveau roman graphique de Derf Backderf, Kent State, qui sortira simultanément aux États-Unis et en France en avril prochain.

 

Rendez-vous en janvier 2021 pour la suite de l'histoire !

 

Serge

(Dessin d'Alberto Montt, extrait de Fichtre !)

Bilan 2019: une question d'équilibre
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