Que le Festival d'Angoulême se tienne en janvier, en mars, voire pas du tout, nous publions chaque début d'année les chiffres de ventes de nos nouveautés de l'année écoulée. Voici donc notre neuvième bilan annuel.
Mais avant de parler chiffres, nous avons plusieurs motifs de réjouissance. Le très marquant La Grâce d'Emmi Valve (Finlande) a remporté le Prix Spécial Artémisia 2022, qui récompense une bande dessinée réalisée par une autrice. Goan tau, chez moi de Li-chin Lin était dans la sélection Formula Bula 2021. Deux titres çà et là sont en Sélection Officielle au Festival d'Angoulême 2022 : Écoute, jolie Marcia de Marcello Quintanilha (Brésil) et Walk me to the Corner d'Anneli Furmark (Suède). Ces deux nominations portent à vingt-quatre le nombre de titres de notre catalogue à avoir été sélectionnés à Angoulême depuis notre création. Sur le front étranger, nous avons vendu les droits de publication de La Tournée d'Andi Watson (Angleterre) dans de nombreux pays : États-Unis, Pologne, Espagne, Italie, Pays-Bas, Brésil, Allemagne et Turquie. L'édition américaine a même été sélectionnée pour les Eisner Awards 2021. Ce livre, initialement paru en 2018 et sélectionné à Angoulême 2019, est une création çà et là et nous en détenons les droits mondiaux.
En ce qui concerne les chiffres, en bref, nous faisons une bonne année, avec des ventes en librairies légèrement meilleures qu'en 2020, qui était déjà une année remarquable. Ce résultat, imprévu, est en partie dû au succès de L'Année des ordures de Derf Backderf et de Écoute, Jolie Marcia de Marcello Quintanilha, mais aussi aux bonnes ventes de deux livres parus en 2020 (cf. plus bas) et aux ventes du fonds, qui représentent 37% des ventes totales en 2021.
Il faut également noter des ventes directes particulièrement dynamiques en 2021, à partir du mois de septembre. Frustrés de ne pas avoir eu de festivals pendant près de 18 mois, nous avons participé à beaucoup de salons, qui ont tous connu une fréquentation en hausse par rapport à la normale, de La Fête de l'Humanité à SoBD, en passant par Gribouillis, Colomiers, Quai des Bulles et Formula Bula. Du coup, on a terminé l'année sur les rotules, mais c'était tellement chouette de revoir tout le monde qu'on n'a pas regretté une seconde.
Voici le détail des ventes en librairies :
Parution | Titre | Ventes | Retours | Ventes nettes |
Janvier |
Bergen |
1 053 |
402 |
651 |
Février |
Soleil Mécanique |
1 637 |
306 |
1 331 |
Mars |
La Grâce |
1 454 |
359 |
1 095 |
Avril |
Acacia 22 |
2 206 |
1 084 |
1 122 |
Mai |
Anxiété chérie |
2 486 |
297 |
2 189 |
Juin |
Hantée |
1 676 |
309 |
1 367 |
Août |
La capacité de survie |
970 |
67 |
903 |
Septembre |
Ecoute, jolie Marcia |
3 436 |
53 |
3 383 |
Septembre |
Goan tau, chez moi |
812 |
11 |
801 |
Octobre |
Walk me to the corner |
1 601 |
4 |
1 597 |
Novembre |
L'année des ordures |
4 875 |
11 |
4 864 |
Les ventes moyennes de nos nouveautés sont passées de 1 264 exemplaires en 2018 à 1 571 ex en 2019 et 1 755 ex en 2021. Je n'indique pas la moyenne de 2020 car du fait de la pandémie, nous n'avions publié que sept titres au lieu des treize initialement prévus cette année-là, en maintenant les titres les moins fragiles. Le point notable concernant les ventes de 2021 est qu'il n'y a aucun titre en dessous de 600 ex et seulement trois titres en dessous de 1 000 ex. La médiane des ventes est donc mécaniquement plus élevée que d'habitude, à 1 355 exemplaires (ce qui signifie que la moitié de nos nouveautés 2021 se sont vendues à plus de 1 355 exemplaires). C'est une évolution encourageante, mais comme chaque année, il faudra attendre les chiffres des ventes sur deux ans pour décompter les retours faits par les libraires et avoir une vision complète des ventes réelles de ces parutions. En revanche, le tableau ci-dessous nous renseigne sur les ventes sur deux ans de nos nouveautés parues en 2020.
Titre | Ventes | Retours | Ventes nettes |
Quelques heures |
1 036 |
578 |
458 |
Ne regarde pas derrière toi |
1 235 |
362 |
873 |
Ville Nouvelle |
1 311 |
407 |
904 |
Kent State, quatre morts dans l'Ohio |
16 600 |
1 206 |
15 394 |
Trois Heures |
3 117 |
1 257 |
1 860 |
J’adore mon chat |
6 685 |
299 |
6 386 |
Les Mondes du Jeu |
3 147 |
984 |
2 163 |
La plupart des titres publiés en 2020 se sont plutôt bien maintenus sur 2021 et deux d'entre eux ont connu des ventes importantes: Kent State de Derf Backderf (États-Unis), qui s'était déjà vendu à 12 589 ex en 2020, s'est vendu à 2 805 ex en 2021 pour atteindre 15 394 ventes fin décembre 2021. Ce livre devrait passer les 17 000 ventes courant 2022. C'est également spectaculaire dans le cas de J'adore mon chat d'Alberto Montt (Chili) : 3 983 ex vendus en 2020 et 2 403 en 2021, soit 38% des ventes totales réalisée la deuxième année. Il faut croire que les gens aiment les chats... Par ailleurs, Trois Heures de Mana Neyestani (Iran) et Les Mondes du Jeu d'Edward Ross (Angleterre) réalisent environ 2 000 ventes sur deux ans, ce qui est tout à fait honorable par les temps qui courent.
Nos nouveautés 2020 se sont vendues en moyenne à 4 005 exemplaires en deux ans. C'est une excellente moyenne pour une structure comme çà et là et la plus haute moyenne depuis que nous publions ce bilan. La médiane des ventes est également très bonne, à 1 860 exemplaires au lieu d'environ 800 ex ces dernières années. Ce sont des chiffres d'autant plus encourageants que les retours se sont stabilisés à 19%, ce qui est tout à fait correct, et que les ventes du fonds (titres de plus de deux ans) se sont élevées à 37% des ventes totales en 2021, un niveau très haut qui permet de contrebalancer l'aspect aléatoire des ventes de nouveautés.
Une bonne année, donc. La grande question est de savoir si cette situation presque idéale - peu de plantades, bonnes ventes du fonds et retours mesurés - va se maintenir ? S'agit-il d'une évolution structurelle des pratiques des lecteurs et lectrices qui privilégieraient les librairies indépendantes au détriment des grandes chaînes, augmentant ainsi les ventes de livres publiés par des petites structures ? Rendez-vous l’année prochaine pour en juger.
Serge
[dessin d’Alberto Montt, extrait d'Anxiété Chérie]