Des dizaines de carnets intimes que sa mère a laissés derrière elle à sa mort, Stefan Haller a fait un livre, La Mère ombre, paru le 17 mai en librairie.
Cinq ans après la mort de sa mère, l'auteur suisse s'est plongé dans ces milliers de pages qu'elle a rédigées pendant des années, racontant son quotidien et les événements qui l'ont ponctué, essayant de s'expliquer certaines situations qu'elle a vécues, de comprendre sa tristesse, sa colère, son mal être... toutes ces choses qui ont fait d'elle cette mère ombre, une mère que Stefan Haller à son tour essaie de comprendre dans ce roman graphique.
Pour cela, il mène une véritable enquête auprès de ses proches, qu'il interroge au même titre que ses propres souvenirs, ceux de son enfance. Ces témoignages, il les confronte aux versions souvent plurielles de sa mère, au moyen de deux identités graphiques différentes : les pages du journal de sa mère sont retranscrites et mises en images dans des cases d'un gaufrier classique, les observations de l'auteur quant à elles apparaissent en rouge et accompagnent les dessins représentant ses réflexions ou les différentes discussion qu'il a eues avec son entourage. Il avance à tâtons, et nous entraîne avec habileté dans son récit, au fil des pistes qu'il creuse, des conclusions qu'il tire, et sur lesquelles il revient parfois. Il raconte sa mère mais se raconte aussi lui-même, essayant de se comprendre, de mesurer l'impact des troubles psychologiques de sa mère sur la personne qu'il est.
Se dégage de ce roman graphique une sincérité touchante, l'auteur fait part de toutes les émotions qui le traversent au cours de son enquête, qui ne remettent pas en cause la bienveillance du regard qu'il porte sur sa mère, et qui ressort finalement du récit. Enfin, le livre se termine par le texte d'un psychanalyste suisse proposant quelques remarques sur la psychiatrie, un texte qui se place dans la continuité de l'aspect documenté du roman graphique, qui apporte aussi un éclairage scientifique à l'histoire de cette mère ombre.
Stefan Haller participera au festival Delémont'BD en Suisse du 14 au 16 juin. Et des planches de La Mère ombre (en allemand et en français) feront partie de l'exposition “Les Jardins du dessin”, visible du 7 juin au 11 août 2024 en plein air et en libre accès à Delémont.
Marie
La presse en parle :
"Une lecture éclairante et saisissante sur les troubles psychiques." dBD
"Une œuvre dure et touchante. [...] Un récit pétri d’humanité, réaliste et sincère." Zoo
La Mère ombre, de Stefan Haller, traduit de l'allemand par Elisabeth Willenz, paru le 17 mai 2024.