Nouveautés de début d'année : session de rattrapage

Nous sommes déjà en avril, et cela fait trois nouveautés que je n'ai pas écrit ici. Remédions-y.

En janvier paraissait Les buveurs de vin, le sixième livre de l'auteur finlandais Ville Ranta, un récit autobiographique plein d'humour et de questionnements. Quand Ville Ranta débarque dans sa ville natale, le voyage introspectif que nous propose sa nouvelle bande dessinée commence. Le décor ne semble pas avoir changé depuis 20 ans, mais les personnages, si. Ville Ranta retrouve ceux avec qui il a commencé au sein du journal qui l'a vu débuter en tant que dessinateur de presse, ceux avec qui il a vécu de belles années de gloire, d'effervescence artistique et créatrice, et ses compagnons de beuverie. Tout en nuances et tâches de rouge, le récit alterne entre passé et présent, et le narrateur réfléchit, sur ses amitiés, celles qu'elles sont et ont été, sur ses moments de gloire et cet éclat passé qu'il craint de perdre ou d'avoir perdu, notamment à l'heure où ses amis questionnent leur rapport à l'alcool, jusqu'alors moteur de leur création. Imbibé de rouge, ce roman graphique joue sur toutes ses nuances, et livre un récit touchant.

Nous avons profité d'Angoulême pour lancer le livre de cet auteur qui fait partie des premiers publiés par çà et là (Papa est un peu fatigué a paru en 2006 !), et créer pour l'occasion, une cuvée spéciale que je vous laisse admirer en images.

L'amitié était aussi au cœur de notre nouveauté du mois de février, qui signe le retour de Yi Yang pour le troisième opus des aventures de Li Yu et Yang Kuaikuai dans l'explosif Comet Club.

Missionnés par ce nouveau club sur les ovnis qu'ils viennent d'intégrer, les deux amis partent en expédition nocturne dans les montagnes environnantes pour tenter d'apercevoir un de ces objets volants. Mais c'est un tout autre trafic qu'ils vont découvrir. Le dessin ultra dynamique de Yi Yang nous emporte avec brio dans ce polar trépidant, et nous émeut quand se révèlent les situations familiales difficiles. Car Comet Club parle aussi de ce qu'il se passe quand ces ados rentrent chez eux, de ce qu'ils éprouvent, partagés entre le monde de l'enfance et celui des adultes. Enfin, ce livre raconte avec sensibilité les amitiés adolescentes, qui sont parfois comme un refuge ; l'amitié qui joue un rôle essentiel dans cette aventure, et dans la vie de Yuang Kuaikai, Li Yu, Qi Ming, Qu Yu et Cheng Gong, le Comet Club.

Enfin, en mars a paru le premier livre de l'auteur italien Emanuele Cantoro traduit en français, Les moutons veulent du sel. Un livre magistralement dessiné au crayon de papier, dont les illustrations, et les effets de mouvement et de lumière travaillés à la gomme fascinent. L'histoire, c'est celle de Christian, un adolescent qui a grandi dans une cité dont il n'est presque jamais sorti. Quand son frère l'emmène voir la mer pour la première fois, c'est l'événement pour lui et son groupe d'ami·es à qui il le raconte dès qu'il rentre, d'autant plus que sur le chemin du retour, Christian a trouvé le coin parfait pour qu'ils viennent se réfugier, une maison abandonnée. Refuge, cette maison va le devenir, mais pas comme Christian le pensait : quand son monde s'écroule, quand tout ce qu'il connaît lui devient hostile, quand il se retrouve seul, il court vers la mer (l'endroit préféré sa mère), et croise le chemin d'un berger et de ses moutons qui vivent là-bas.

« Tu peux pas te barrer comme ça », lui lance un soir un ancien ami venu le retrouver. Car le récit, et la vie de Christian ont pris un autre tournant, trouvé une échappatoire. Les Moutons veulent du sel est un très beau roman graphique sur l'adolescence, et la difficulté de grandir.

À bientôt !

Marie