Bande dessinée, stéréotypes et politique

Nos deux publications de mi-octobre, Garçon Manqué de Liz Prince et L’Ère de l’Égoïsme de Darryl Cunningham, donnent une tonalité politique à notre programme de fin d'année. Ces deux ouvrages sont tous deux consacrés à des thématiques ô combien importantes et d'actualité, d'une part le genre et d'autre part l'ultra-libéralisme, dans deux registres différents, l'autobiographie dans le cas de Liz Prince et le documentaire avec le Cunningham.

Liz Prince est une jeune américaine dont nous avons déjà publié deux recueils de comic strips humoristiques sur sa vie sentimentale, Tu m'aimeras encore si je fais pipi au lit ? et Delayed Replays, sortis respectivement en 2006 et 2007. Dans Garçon Manqué, elle raconte sa jeunesse, de la maternelle à la fin du lycée, dans un coin paumé du Nouveau-Mexique. Liz a eu une enfance parfois difficile à cause de ses goûts vestimentaires ou sportifs et de son comportement qui ne correspondaient pas à la norme. Confrontée aux idées reçues sur ce qui est féminin ou ce qui ne l'est pas, elle raconte comment elle a réussi à construire son identité, dans un récit très attachant et enlevé, qui ne cède jamais à la facilité ou à l'envie de polémiquer mais qui montre l'impact que peuvent avoir les stéréotypes sur le genre et les brimades quotidiennes. Un livre qui devrait donc être une lecture obligatoire au collège et au lycée, et qui nous fait bien regretter l'abandon des ABCD de l'égalité...

Darryl Cunningham, après ses Fables Scientifiques (2012) et les Fables Psychiatriques (2013) s'attache dans L’Ère de l’Égoïsme à décrire la vie et l'influence d'Ayn Rand, idéologue américaine quasi inconnue sous nos contrées, mais hyper populaire aux États-Unis (son principal roman, La Grève, est soi-disant le livre le plus lu aux États-Unis après La Bible, et s'est en tout cas vendu à plusieurs millions d'exemplaires). Ayn Rand a influencé de nombreux courants de la droite américaine, et notamment les libertariens, les républicains néoconservateurs et le Tea Party, vous voyez le topo ! Darryl Cunningham démontre en quoi l'influence de Rand est l'une des causes directes du laissez-faire dans le domaine de la finance qui a ensuite engendré la crise de 2008 et de nombreux dommages collatéraux, dont l'emprise toujours plus importante dans les pays occidentaux d'une idéologie ultra individualiste qui remet en cause directement les fondements de nos sociétés, notamment à travers une contestation de plus en plus répandue de l'impôt. Une lecture déconseillée aux abonnées des Échos et de l'Express ou aux fans de BFM Business...

Vous savez ce qu'il vous reste à faire !

Serge